Houblon Bio : une demande importante, peu d'offre

houblon bio


Le houblon bio
a pour objectif de respecter les équilibres naturels et la biodiversité. Pour beaucoup, il sonne comme une preuve de qualité. Avant d'obtenir la certification biologique du houblon, l'agriculteur devra d'abord passer par une période de conversion qui dure 3 ans.

Cet article tente d'expliquer la fracture entre la demande et la production en houblon Bio français.

Le marché du houblon Bio

L’offre et la demande tout houblon confondu

Au niveau de l’exploitation du houblon en Europe, on dénombre près de 2 400 exploitations pour une superficie totale de 30 000 hectares, soit 60% de la superficie mondiale. L’Allemagne en produit aux alentours de 20 000 hectares suivi par la Tchéquie, la Pologne et la Slovénie.

Au niveau de la production en 2019, l’UE a produit 62 000 tonnes pour une production mondiale aux alentours de 90 000 tonnes.

La surface nationale de culture de houblon représente 510 à 550 hectares (dont 87% en Alsace, 6.5% dans le Nord, et 6.5% dans le reste de la France) pour une production de 800 tonnes. La culture de houblon biologique (en conversion et certifiée représente seulement 124 hectares dont seulement 43 hectares déjà certifiés pour une production équivalente à 45-50 tonnes. 

Le syndicat des brasseurs indépendant estime que 30% des brasseries artisanales françaises sont certifiées BIO. Cela représente plus de 600 brasseries à la recherche de houblon BIO. Le seuil de rentabilité d'une brasserie est fixé à une production de 350 hl et elles utilisent en moyenne 5 grammes de houblon par litre. Avec ces informations on peut estimer une première valeur très basse du besoin en houblon bio à 105 tonnes. 

La dernière tendance à prendre en compte est celle des consommateurs, toujours plus friand de bière houblonnée et locale. On notera l’arrivée frappante des Craft Beers et autres bières artisanales dans les rayons des grandes et moyennes surfaces.

Dérogation houblon biologique

Pour obtenir les mentions « bio » et assimilés (« bio », « organic », …), l’une des règles de production est l’utilisation d’au moins 95% en poids de produits agricoles biologiques, les 5% restant doivent être autorisé par l’annexe IX du règlement 889/2008 ou obtenir une dérogation.

Pour le moment, il est donc possible d’intégrer à la bière des houblons issus de cultures conventionnelles (ou non bio) sans que ça n’empêche d’obtenir les mentions « bio » et assimilés.

« Les bières dites biologiques peuvent faire référence à l’agriculture biologique dans leur dénomination de vente, la liste des ingrédients, la publicité, etc. Toutefois, la difficulté éprouvée par les brasseurs pour obtenir du houblon « bio » sur le marché conduit le plus souvent ces opérateurs à utiliser du houblon « conventionnel ».

Cette pratique est autorisée sous réserve que le brasseur ait obtenu une dérogation d’une durée d’un an de la part du ministère de l’Agriculture. À noter qu’à compter du 1er janvier 2021, l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation réduira la durée de validité de cette dérogation à six mois renouvelables deux fois.

Par ailleurs, les autres États membres auront la possibilité d’objecter à la dérogation nationale si le houblon est disponible sur un autre marché. » economie.gouv.fr

Mais les dérogations ne sont pas une solution sur le long terme puisque du jour au lendemain les Politiques peuvent décider de ne plus en fournir, ou d’en restreindre l’accès.

On voit donc bien que l'offre est encore loin de couvrir la demande en houblon français et encore moins lorsqu'il s'agît de houblon Bio. Mais alors qu’est-ce qui peut bien justifier ce décalage entre la demande et l’offre en houblon bio ?

Les freins à la production de houblon bio

Le manque de diversité culturale

Une des caractéristiques de la culture du houblon, que l’on retrouve souvent dans les cultures pérennes, est l'uniformité génétique des plants qui, au sein d’une même variété, sont des clones issus d’une bouture d’un plant mère. Le manque de diversité génétique affaiblit l’ensemble des plants en favorisant sa sensibilité aux bio-agresseurs (Darby, 2004).

Or, une pratique souvent réalisée en production biologique qui limite les pressions en ravageurs (que l’on ne peut pas gérer avec des produits phytosanitaires de synthèse comme on le fait en agriculture conventionnelle) est la plantation de différentes variétés à proximité les uns des autres. Ceci réduit par des effets de « barrière » et de « dilution » la pression en maladies et en ravageurs (Mundt, 2002 ; Zhu et al., 2000).

Cependant, cette culture mixte ou en bandes dans les houblonnières nécessiterait des stratégies de gestion plus complexes et n’est presque jamais mise en place. D’autres techniques essentiellement mécaniques sont mises en place pour réduire ces pressions. La taille des souches pour épuiser le mildiou dans les racines, la défoliation pour retirer les acariens tétranyques ou encore les buttages pour gérer les adventices sur le rang sont des exemples de mesures effectuées dans les houblonnières, avec une fréquence plus grande pour les productions biologiques. De plus, certains produits naturels comme le souffre ou le cuivre sont pulvérisés sur les cultures pour prévenir et combattre les maladies fongiques.

Un besoin important en azote

Une autre caractéristique du houblon est son besoin conséquent en azote. Or, il peut être difficile de répondre aux besoins en azote des cultures dans les systèmes biologiques (Pang et Letey, 2000) puisqu’il n’est pas possible d’apporter d’engrais de synthèse qui libérerait la quantité voulue d’azote au moment où le produit est épandu.

Des stratégies de fertilisation biologique sont développées pour répondre aux besoins élevés en azote du houblon. La mise en œuvre de couverts de légumineuses par exemple avec leurs capacités de stabilisation et structuration du sol et de fixation de l'azote présentent des avantages économiques.

Cependant, le défi de l'utilisation de cultures de couverture pour fournir de l'azote est le moment de la minéralisation et de la libération de l'azote des résidus de cultures de couverture pendant les périodes cruciales d'absorption. Il en est de même pour les composts et divers fumiers apportés de façon plus importante dans les cultures biologiques.

En résumé, une production biologique de houblon, représente :

  • plus de cuivre plus de travail mécanique,
  • plus de vigilance
  • une bonne connaissance de la fertilisation organique
  • plus de fumiers et de composts
  • des couverts intercalaires riches en légumineuses

Le houblon bio chez HOPEN

Nos agriculteurs en conversion

7 des 8 agriculteurs que nous accompagnons sont en conversion biologique. HOPEN – Terre de houblon s’inscrit dans la transition agro-écologique et accompagne des producteurs qui partagent ces valeurs. La production biologique demandant plus de technicité et de vigilance, HOPEN apporte aux agriculteurs partenaires des outils et conseils pour gérer durablement leur houblonnière (plan de fertilisation et d’irrigation, mélanges d’espèces pour couverts intercalaires, calendrier des opérations culturales, reconnaissance des bioagresseurs, lutte biologiques, plantes de services, …)…

C'est un grand défi pour une filière naissante de se lancer majoritairement en BIO alors qu'il n'existe peu ou pas de référentiel sur l'itinéraire technique BIO. Nous développons notre réseau de partage d'expériences en allant visiter d'autres houblonniers BIO en Europe. 

Nos objectifs sur le long terme

Implanter une trentaine de houblonniers sur 3 à 5 hectares pour une surface totale d'environ 100 hectares d'ici 5 ans. Nous voulons nous spécialiser sur le houblon BIO mais continuer au besoin à représenter quelques houblonniers conventionnels. 
Nous travaillons sur le développement de produits pour toucher des marchés secondaires en BIO (phytothérapie, agroalimentaire, industriel et cosmétique). 

Prix du houblon bio

Nous proposons d'ores et déjà du houblon bio en pellets T90 produit par nos houblonniers d'Espagne. Vous pouvez dès à présent consulter notre offre issue de la récolte 2021.


Bibliographie :

  • Darby, P. 2004. Hop growing in England in the 21st century. J. R. Agric. Soc. Engl. 165.
  • Mundt, C. 2002. Use of multiline cultivars and cultivar mixtures for disease management. Annu. Rev. Phytopathol. 40:381–410. doi:10.1146/annurev. phyto.40.011402.113723
  • Pang, X., and J. Letey. 2000. Organic farming: Challenge of timing nitrogen availability to crop nitrogen
  • Zhu, Y., H. Chen, J. Fan, Y. Wang, Y. Li, J. Chen, J. Fan, S. Yang, L. Hu, H. Leung, T.W. Mew, P.S. Teng, Z. Wang, and C.C. Mundt. 2000. Genetic diversity and disease control in rice. Nature 406:718–722. doi:10.1038/35021046